"C'est
un grand pas en avant dans notre lutte contre ce qui constitue
l'un des plus grands défis du 21e siècle: le changement climatique"
Kofi Annan
(secrétaire général de l'Onu)
Le protocole de
Kyoto sur le changement climatique, qui entre en vigueur le 16
février et que les Etats-Unis ont refusé de ratifier, est le
plus contraignant de quelque 250 accords mondiaux
d'environnement.
Conclu le
11 décembre gaz 1997 à Kyoto (Japon), il impose des réductions
d'émissions de six gaz à effet de serre, CO2 (gaz carbonique ou
dioxyde de carbone), CH4 (méthane), protoxyde d'azote (N20) et
trois gaz fluorés (HFC, PFC, SF6).
Les réductions varient selon les pays industriels visés: -6%
pour le Japon et le Canada, 0% pour la Russie, -8% pour l'UE-15
qui s'est répartie le fardeau (-21% Allemagne, -12,5% Royaume
Uni, -6,5% Italie, 0% France, +15% Espagne). Elles seront
calculées sur la moyenne 2008-2012, qui sera comparée à 1990. Le
Sud a seulement des obligations d'inventaire.
Elles doivent conduire à diminuer l'usage des énergies
fossiles, charbon, pétrole et gaz, qui représente 80% de ces
rejets réchauffant l'atmosphère.
Cet usage augmentant avec la croissance économique, le protocole
représente un effort considérable pour certains pays par rapport
à la croissance naturelle de leurs rejets. C'est le cas du
Canada et du Japon, où les rejets se sont déjà envolés depuis
1990 de 20% et de 8% respectivement.
Les Etats-Unis, qui auraient dû réduire leurs rejets de -7%,
escomptent une hausse de 35% en 2012, ce qui explique leur
décision en 2001 d'abandonner Kyoto. Ce pays pesant 40% des
émissions des pays industriels et 21% des émissions mondiales,
la portée de l'accord sera limitée après leur défection, suivie
de peu de celle de l'Australie.
La baisse globale d'émissions sera d'environ 2% vers 2012 par
rapport au niveau de 1990, contre 5,2% initialement prévu. Elle
représente tout de même un effort de diminution de 15% pour les
36 pays industriels restant en lice par rapport à la hausse
prévisible de leurs émissions.
Le protocole a déjà été ratifié par 141 pays dont 30 pays
industriels. Faisant la part belle aux gros pollueurs dans ses
règles de ratification, sa survie a longtemps dépendu de Moscou,
après le retrait américain.
La ratification russe, effective le 18 novembre dernier, sera
officialisée le 16 février par l'ONU, dépositaire du traité.
- Document -
PROTOCOLE DE KYOTO A LA CONVENTION-CADRE DES NATIONS UNIES
SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
|
Les
gaz à effet de serre et leurs origines
Photo
(AFP/Infographie)
Protocole de Kyoto (1997)
Dossier: Radio
Canada |
LE PROTOCOLE DE KYOTO FACE A
SES LIMITES:
UN
VISUEL INTERACTIF REMARQUABLE DU MONDE.FR
Le
Plan Climat
est le plan d’actions du Gouvernement français pour être à la
hauteur du défi majeur que constitue le changement climatique, dès
2010 en respectant l’objectif du protocole de Kyoto, voire en le
dépassant légèrement. Les prévisions font état d’émissions en France
qui excéderaient tendanciellement de 10% l’objectif de Kyoto en
2010, notamment du fait de leur croissance dans les domaines de la
vie quotidienne (bâtiments, transports...). C’est pourquoi le Plan
Climat regroupe des mesures dans tous les secteurs de l’économie et
de la vie quotidienne des Français en vue d’économiser 54 millions
de tonnes d’équivalent CO2 par an à l’horizon 2010, ce qui
infléchirait significativement la tendance.
Réchauffement: les dates clés
- 1750: avant la révolution industrielle, l'atmosphère
contient 280 parties par million (ppm) de dioxyde de carbone
(CO2), montreront des recherches ultérieures.
- 1898: le scientifique suédois Svante Ahrrenius avertit que
le CO2 dégagé par la combustion du charbon et du pétrole
pourrait réchauffer la planète.
- 1955: le scientifique américain Charles Keeling découvre que
le taux de CO2 dans l'atmosphère a augmenté, s'établissant à
315 ppm.
- 1988: le chercheur de la Nasa James Hansen annonce au
Congrès américain que le réchauffement "est déjà en cours".
- 1992: signature lors du "Sommet de la Terre" à Rio de la
convention climat qui fixe des objectifs de réduction des
rejets de CO2 et d'autres gaz à effet de serre, sur la base du
volontariat.
- 1995: le Groupe intergouvernemental sur l'évolution du
climat (GIEC), un groupe de scientifiques organisé sous
l'égide de l'ONU, déclare que des preuves montrent que les gaz
émis par l'activité humaine affectent le climat.
- 1997: signature du protocole de Kyoto qui prévoit des
réductions contraignantes des rejets pour les pays
industrialisés.
- 1998: année la plus chaude dans le monde depuis que l'on a
commencé à archiver les relevés de températures au milieu du
19e siècle.
- 2001: le GIEC conclut que le réchauffement est probablement
dû aux émissions liées à l'activité humaine. Le président
américain George W. Bush rejette le protocole de Kyoto.
- 2004: le taux de CO2 dans l'atmosphère atteint le chiffre
record de 379 ppm. En novembre, la Russie ratifie le
protocole, ouvrant ainsi la voie à son entrée en vigueur.
- 2005: le protocole de Kyoto entre en vigueur le 16 février
La lumière du soleil traverse l'atmosphère et chauffe le sol.
Le sol ainsi chauffé émet des rayons infrarouges dont une
partie est retenue dans l'atmosphère par les gaz à effet de
serre. Ces gaz existent naturellement dans l'atmosphère depuis
des millions d'années, mais leur taux a augmenté depuis le
début de l'ère industrielle.
source:
http://www.cea.fr/fr/pedagogie/EffetDeSerre/QuestionReponse1.htm
Le protocole de Kyoto est appelé à
la rescousse des forêts tropicales
Nous sommes à la
veille de la plus grande crise d’extinction depuis la
disparition des dinosaures." Ahmed Djoghlaf ne mâche
pas ses mots, alors que s’ouvre, lundi 20 mars, à
Curitiba, au Brésil, la 8e conférence d’application de
la convention sur la biodiversité signée en 1992. M. Djoghlaf,
le secrétaire de la convention, ne fait que
synthétiser une idée largement partagée par les
naturalistes. Le rythme actuel d’extinction des
espèces est au minimum 260 fois plus rapide que le
rythme évalué depuis l’apparition de la vie sur Terre,
résume Robert Barbault, du Muséum national d’histoire
naturelle, dans Un éléphant dans un jeu de quilles
(Seuil, 2006).
La communauté internationale a adopté en 2002, à La
Haye, l’objectif de réduire en 2010 le taux
d’extinction des espèces. Mais aucun acte concret n’a
permis d’enrayer le désastre silencieux qui est en
cours, particulièrement dans les forêts tropicales.
Face à l’impuissance de la convention sur la
biodiversité, de nombreux experts et diplomates
s’intéressent aux dispositifs créés par le protocole
de Kyoto sur le climat.
Ce sera un des principaux sujets de discussion à
Curitiba. En effet, à travers le "mécanisme de
développement propre", le protocole de Kyoto commence
à injecter dans la lutte contre le changement
climatique le nerf de la guerre, à savoir l’argent.
Des entreprises des pays du Nord peuvent ainsi se voir
créditer les émissions de gaz carbonique qu’elles
évitent en investissant dans des procédés propres dans
les pays du Sud. Ces crédits seront valorisés dans
quelques années.
BIO-SÉQUESTRATION DU CARBONE
Dans la mesure où les forêts fixent le gaz
carbonique, elles pourraient participer à ce système.
L’hypothèse a été étudiée dans un colloque qui vient
de se tenir sous l’égide de l’Unesco, à Paris.
"C’est un enjeu majeur, dit Guy Reinaud, de
l’association Pro Natura International. Si on ne paye
pas pour protéger les forêts, on va perdre leur
biodiversité en cinquante ans. Par ailleurs, la
déforestation influe sur le changement climatique,
puisqu’elle représente près de 20 % des émissions de
gaz à effet de serre."
Le principe est donc simple : en échange de crédits de
CO2, des entreprises financeraient des projets de
reboisement ou de prévention de la déforestation. Mais
elles sont pour l’heure peu incitées à le faire : "Les
projets forestiers sont aujourd’hui plus coûteux à
mettre en place que la réduction des émissions de gaz
dans des installations industrielles", dit Benoît
Bousquet, de la Banque mondiale.
Pour rendre la bio-séquestration du carbone plus
attractive, "il faudra combiner plusieurs objectifs",
estime Natarajan Ishwaran, directeur de la division
des sciences écologiques de l’Unesco : "réduction des
émissions de gaz à effet de serre, mais aussi
protection de biodiversité, production de biocarburant
et développement local."
Les pays forestiers sont de plus en plus intéressés
par cette formule et ont lancé une initiative dans ce
sens lors de la conférence de Montréal sur le climat,
fin 2005. L’Unesco espère pouvoir faire bientôt
démarrer plusieurs projets pilotes, notamment en
Amazonie.
Hervé
Kempf
Article paru dans le journal
Le Monde
du 21.03.06 |
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Des
manifestants Greenpeace protestent à Sydney contre la hausse en
Australie des émissions de gaz à effet de serre. Contrainte
insupportable pour Washington et Canberra, sauveur potentiel de
la planète pour d'autres, le protocole de Kyoto sur la réduction
des émissions de gaz à effet de serre est officiellement entré
en vigueur mercredi matin.
Reuters - mercredi 16 février 2005 |
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