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Il y a soixante ans, les procès de Nuremberg



Le Reichsmarshal Hermann Goering, debout dans le box des accusés, le 21 novembre 1945,
 lors du procès de Nuremberg (photo AP).

                                            Nuremberg juge les nazis

Il y a 60 ans, 21 responsables nazis s'asseyaient sur le banc des accusés du tribunal de Nuremberg. Pendant onze mois, ils comparurent devant les magistrats des quatres puissances alliées.

Le procès historique de 21 dignitaires nazis, qui s'ouvrit à Nuremberg le 20 novembre 1945, a été le premier procès de dirigeants d'un pays pour crimes de guerre et contre l'humanité, et a fait évoluer le droit international.
«Pour la première fois, les dirigeants de l'Etat ne pouvaient plus se réfugier derrière leur immunité», souligne Arno Hamburger, un responsable de la communauté juive de Nuremberg.
Un an plus tard, en décembre 1946, le droit appliqué à Nuremberg devenait droit international, sous le nom de «principes de Nuremberg», qui ont récemment inspiré la création de la Cour pénale internationale.

« La ville d'Hitler »
Les hiérarques du régime nazi devaient répondre en l'absence de Hitler de trois chefs d'accusation: «crimes contre l'humanité», «crimes de guerre», «crimes contre la paix».
A la demande des Etats-Unis, puissante occupante dans le sud de l'Allemagne, les Alliés choisirent pour abriter les audiences la ville des grands rassemblements du parti nazi, Nuremberg.
«On ne peut pas oublier que c'était la ville d'Hitler», souligne Reinhard Dörries, professeur d'histoire contemporaine à Nuremberg, qui souligne d'ailleurs que ce passé est mal vécu par les habitants actuels de la cité qui, «comme beaucoup d'Allemands, n'aiment pas trop se pencher sur le passé».
Le choix de Nuremberg s'était cependant heurté au refus de Staline, qui souhaitait l'organisation à Berlin d'un procès-spectacle et expéditif, à la manière soviétique. Pour arracher l'approbation du dictateur soviétique, Berlin fut décrétée siège officiel et fictif du tribunal.
A l'ouverture des audiences les mesures de sécurité sont exceptionnelles, au point que des chars stationnent dans les rues, par craintes d'attaques du groupuscule nazi Werwolf.

« Nicht schuldig »
Le tribunal est relié par un souterrain à la prison, où les détenus sont surveillés 24 heures sur 24, ce qui n'empêche d'ailleurs pas le numéro deux du régime, Hermann Göring, de se suicider par empoisonnement le 15 octobre 1946, à la veille de son exécution.
Sans leurs uniformes, les criminels nazis laissent une apparence grise et pitoyable aux spectateurs triés sur le volet admis aux audiences, dont quelque 350 journalistes et écrivains, parmi lesquels les Américains John Steinbeck et Ernest Hemingway, l'Allemand Erich Kästner, d'autres Allemands encore inconnus comme le futur chancelier social-démocrate Willy Brandt.
Dès le début de ce procès-fleuve tous les accusés plaident «nicht schuldig» («non coupable»).
Mais un film tourné par les alliés occidentaux sur les camps de concentration en Allemagne donne rapidement la dimension du crime. D'autres films accablants suscitent une intense émotion, comme celui tourné par les Soviétiques sur les camps d'extermination d'Auschwitz et Maidanek.
Seul l'architecte de Hitler, Albert Speer, reconnaît une part de responsabilité, niant habilement avoir été au courant des plans meurtriers du régime. Il échappera à la peine capitale, qui sera prononcée pour onze de ses co-accusés.
Des protocoles longs de 4 millions de mots, 7 300 mètres de films, 22 volumes, 1 500 pages, 300 000 témoignages sous serment, 6 613 pièces à conviction, 236 témoins entendus : Nuremberg fut le procès de tous les superlatifs.
De nos jours, la "Salle 600" où se tenaient les audiences, sert de cour d'assises. Néanmoins 20.000 visiteurs s'y rendent en moyenne chaque année. Des personnalités voudraient en faire aujourd'hui un lieu de souvenir.
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 « Dans son principe, Nuremberg représente quelque chose de positif.
      C'est la première pierre d'une justice internationale, le premier effort pour fonder une jurisprudence à l'échelle de toutes les nations.[…] ».

René REMOND, historien français.

                                          Vers une justice internationale ...
Le procès inaugural de Nuremberg a ouvert la voie à d'autres tribunaux pénaux internationaux créés pour juger des crimes spécifiques commis durant des conflits, comme au Rwanda (TPI-R) et en ex-Yougoslavie (TPI-Y).
 Le dernier tribunal international en date est la Cour pénale internationale (CPI). Fondée en 1998, elle est le premier tribunal permanent chargé de la répression des crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide. La CPI ne peut juger que des crimes commis après son entrée en fonction le 1er juillet 2002. Elle a ouvert une enquête sur les crimes commis au Darfour (Soudan), en République démocratique du Congo (RDC) et dans le nord de l'Ouganda.
 Les Etats-Unis font campagne contre la CPI par crainte que des Américains, en particulier des militaires, ne soient déférés devant cette juridiction pour des motifs politiques.

- Repères -

Chronologie du procès de Nuremberg

25 octobre 1941 : Le Premier ministre britannique CHURCHILL réclame « le châtiment de ces crimes, qui doit être désormais, l'un des objectifs de cette guerre ».

8 août 1945 : Signature des accords de Londres établissant les statuts d'un tribunal militaire international chargé de juger les grands criminels de guerre et définissant les chefs d'inculpation.

20 novembre 1945 : Ouverture du procès au Palais de justice de Nuremberg.

1er octobre 1946 : Lecture du verdict : douze condamnations à mort ; trois à la prison à vie ; quatre à des peines de 10 à 20 ans d'emprisonnement ; trois acquittements.

Les juges sont des Français, des Américains, des Anglais et des Soviétiques.  

 

Français

Américains

Anglais

Soviétiques

Juges

Henri Donnedieu de Vabres

Francis Biddle

Lord Justice Geoffrey Lawrence

Général Nikitchenko

Assesseurs

André Falco

John Parker

Sir Norman Birket

Colonel Volchkov

Procureurs

François de Menthon, puis Champetier de Ribes

Robert Jackson

Sir David Maxwell-Fyfe,
puis Sir Hartley Shawcross

Général Rudenko

Vingt-et-un responsables nazis ont comparu devant les magistrats des quatre puissances alliées, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l'ex-URSS et la France au cours du premier procès de criminels de guerre à Nuremberg (20 novembre 1945 - 1er octobre 1946). Ces hommes devaient répondre de trois chefs d'accusation: "crimes contre l'humanité", "crimes de guerre" et "crimes contre la paix".

Onze des accusés ont été condamnés à mort le 1er octobre 1946. A l'exception de Hermann Göring, l'un des organisateurs de la "solution finale", qui se suicida le 15 octobre, à la veille de son exécution, les dix autres condamnés furent pendus: Hans Frank (gouverneur général de Pologne), Wilhelm Frick (ministre de l'Intérieur), Alfred Jodl (chef du bureau des opérations de commandement suprême de la Wehrmacht), Ernst Kaltenbrunner (chef de l'office suprême de sécurité), Wilhelm Keitel (commandant suprême de la Wehrmacht), Alfred Rosenberg (idéologue du parti et ministre des territoires de l'Est), Fritz Sauckel (plénipotentiaire général pour l'emploi de la main-d'oeuvre et donc du travail forcé), Arthur Seyss-Inquart (commissaire du Reich aux Pays-Bas), Julius Streicher (directeur du journal antisémite Der Stürmer), Joachim von Ribbentrop (ministre des Affaires étrangères).

Sept condamnés ont écopé de peines de prison, dont le chef de la marine Karl Dönitz (10 ans), l'architecte de Hitler Albert Speer (20 ans) et l'adjoint d'Hitler Rudolf Hess, condamné à perpétuité et mort en 1987 à la prison de Berlin-Spandau.

Trois acquittements ont été prononcés. Martin Bormann, l'un des plus proches conseillers d'Adolf Hitler, a été par ailleurs condamné à mort par contumace.

Deux autres accusés devaient encore comparaître, mais l'un s'est suicidé (le chef du Front du travail Robert Ley) et l'autre (le représentant de l'industrie de l'armement Gustav Krupp) a été déclaré incapable de comparaître.

Quatre organisations ont été déclarées criminelles: le parti nazi NSDAP, la SS, le S.D (service de sécurité) et la Gestapo (police politique).

                          - Documents -

  Auschwitz, le plus grand camp d'extermination nazie

   mémoire de l'Holocauste
et de la prévention des crimes contre l'humanité (27 Janvier)


- Sites internet -

    Site Le procès de Nuremberg : les accusés, le verdict et le lien avec la Shoah

    Sur le site du crdp de l' académie de Reims  :  Nuremberg,
le procès des vaincus

    Article de l'encyclopédie wikipedia : Procès de Nuremberg .

    Sur le site académique Aix-MarseilleÉtude de cas : les grands procès de la Seconde guerre mondiale


- Lecture -

bulletFrançois de Fontette, Le procès de Nuremberg, Que-sais-je ? PUF, 1996
bulletAnnette Wieviorka (sous la direction de), Les procès de Nuremberg et de Tokyo, Editions Complexe, 1996
bulletLeon Goldensohn, Les entretiens de Nuremberg, présentés par Robert Gellately, Éditions Flammarion, version française, 2005
bulletFrançois Delpla, Nuremberg face à l'Histoire, L'Archipel, 2006
 

- Filmographie -

     Nuremberg, Yves Simoneau, 2003

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  La définition des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité

   Crimes de guerre : C'est-à-dire les violations des lois et coutumes de la guerre. Ces violations comprennent, sans y être limitées, l'assassinat, les mauvais traitements ou la déportation pour des travaux forcés, ou pour tout autre but, des populations civiles dans les territoires occupés, l'assassinat ou les mauvais traitements de prisonniers de guerre ou des personnes en mer, l'exécution des otages, le pillage des biens publics ou privés, la destruction sans motif des villes et des villages ou la dévastation que ne justifient pas les exigences militaires.

   Crimes contre l'humanité :  C'est-à-dire l'assassinat, l'extermination, la réduction en esclavage, la déportation et tout acte inhumain commis contre toutes les populations civiles, avant ou pendant la guerre, ou bien les persécutions pour des motifs politiques, raciaux ou religieux.

Articles 6 b et 6 c des statuts du Tribunal militaire international,
adoptés par les Alliés lors des Accords de Londres du 8 août 1945.

En France, il y a prescription pour les crimes de guerre au bout de 30 ans, mais les crimes contre l'humanité ont été déclarés imprescriptibles par la loi du 26 décembre 1964.